L e ciel était clair au-dessus de la vaste prairie balayée par le vent. Au loin, des bisons des prairies étaient en train de paître dans les herbes hautes qui couvrent toute l’aire de conservation des prairies Old Man on His Back (OMB), dans le sud de la Saskatchewan.
La Saskatchewan n’est pas étrangère aux journées venteuses, mais pour Jennifer McKillop et son fils Jud, cette journée fut l’occasion de se familiariser avec les conditions parfois inhospitalières des prairies canadiennes.
Un lieu parfait pour les cerfs-volants
Chaque fois que le vent se levait, Jud serrait la main de sa mère, comme si elle était la seule chose qui l’empêchait de s’envoler. C’était plutôt venteux pour une randonnée, mais parfait pour faire voler un cerf-volant.
« À l’arrière de ma fourgonnette en désordre de « soccer mom », sous une montagne d’articles de camping, j’ai trouvé un cerf-volant partiellement endommagé lors d’une de nos récentes visites au parc, explique Jennifer. Nous voulions vraiment faire voler un cerf-volant; je l’ai donc réparé avec une caisse de bière et du ruban à conduits (duct tape) ».
Le cerf-volant s’est envolé sur-le-champ, emporté par le vent, tournoyant à vive allure, pendant que Jud retenait tant bien que mal la bobine de ficelle. Jennifer s’est précipitée vers lui et a refermé ses mains sur les siennes pour stabiliser le cerf-volant. Après quelques minutes, le vent s’est calmé, tandis que le cerf-volant flottait doucement au-dessus de leurs têtes.

Un lieu où créer de nouveaux souvenirs
Un sentiment de quiétude envahit Jennifer. Regardant autour d’elle, elle se laissa imprégner par les vastes prairies d’OMB et comprit tout de suite pourquoi ce milieu naturel devait être conservé pour les générations futures.
« Je me souviens très bien d’être sortie du centre d’interprétation de Conservation de la nature Canada (CNC), de m’être appuyée sur la clôture avec mon fils pour regarder des hirondelles rustiques virevolter, et de me demander comment faire pour travailler à cet endroit », se rappelle Jennifer.
Cette journée-là, elle venait de découvrir sa passion pour la conservation de la prairie et son envie de travailler dans ce domaine. Avant de visiter OMB, elle avait lu The Perfection of the Morning de Sharon Butala, qui raconte le déménagement de l’auteure de la ville à la prairie où Jennifer se trouvait. Le mari de Sharon, Peter, avait repris le ranch de son père qui s’en occupait depuis son arrivée en Saskatchewan, en 1913. Lire sur ce lien étroit à la terre est ce qui avait amené Jennifer à visiter OMB.
« Le parcours de Sharon, qui lui a permis de découvrir le sens profond du paysage, m’a inspiré à visiter OMB; et c’est dans ce lieu que j’ai été inspirée à travailler pour CNC », dit Jennifer.
En 1996, Sharon et Peter Butala ont fait don de leur terre à CNC. À l’hiver 2003, le personnel de CNC a réintroduit un petit troupeau de bisons dans leur pâturage historique. Ces bisons provenaient du Parc national d’Elk Island, en Alberta. Le rêve de Peter que la propriété soit conservée pour que de futures générations de bisons y vivent et que des visiteurs puissent l’explorer a été compris, respecté et poursuivi par le personnel de CNC.
Regardant autour d’elle, elle se laissa imprégner par les vastes prairies d’OMB et compris tout de suite pourquoi ce milieu naturel devait être conservé pour les générations futures.
« Je ne peux pas m’empêcher de penser que tous seraient inspirés s’ils visitaient ces prairies, humaient l’odeur de l’armoise, écoutaient les oiseaux des prairies et faisaient voler un cerf-volant dans son ciel immense. »

Un lieu où sentir l’armoise, écouter les oiseaux de prairie, et faire voler un cerf-volant dans le ciel immense
Une décennie plus tard, Jennifer, maintenant vice-présidente de CNC pour la région de la Saskatchewan, se rend à OMB sur une base régulière. Chaque fois, elle se rend jusqu’au rocher où les bisons vont se gratter (rubbing stone) pour y laisser quelques feuilles de tabac. Ainsi, elle souhaite rendre hommage à la terre, aux bisons et aux peuples des Premières Nations qui ont été les tout premiers à veiller sur ces terres.
« Je suis consciente que ce n’est pas une coutume de mon propre peuple, reconnaît Jennifer. Mais c’est ce que nos partenaires autochtones m’ont appris à faire pour démontrer ma reconnaissance. J’ai le sentiment que c’est la chose à faire à cet endroit. Je ne peux pas m’empêcher de penser que tous seraient inspirés s’ils visitaient ces prairies, sentaient l’odeur de l’armoise, écoutaient les oiseaux de prairies et faisaient voler un cerf-volant dans son ciel immense. »
Photos (de haut en bas) : Mark Taylor; Mark Taylor; Alan Dyer; Don et Karol Dabbs; Mark Taylor; Mark Taylor.