Découvrez la prairie
à herbes hautes
du Manitoba

Un endroit où explorer un des paysages les plus menacés du Canada

L’ exploration est souvent le moteur de la découverte. C’est du moins l’opinion de John Morgan. En outre, l’exploration lui a permis de découvrir, en compagnie d’un groupe de bénévoles de la Manitoba Naturalist Society (aujourd’hui Nature Manitoba), une aire de milliers d’acres d’anciennes prairies à herbes hautes dans le sud-est du Manitoba, lors d’un relevé des prairies existantes, en 1986.

« Je crois qu’il s’agissait du premier relevé systématique des prairies au Canada, raconte M. Morgan. Lorsque nous avons découvert cette zone près de Tolstoi (approximativement 90 km au sud de Winnipeg), nous avions du mal à le croire. »

Avant de s’aventurer dans la zone, M. Morgan a consulté des images satellites de l’endroit. Le système de cartographie à infrarouge qui commençait à être utilisé à l’époque pour réaliser les images des satellites et gérer les ressources naturelles montrait une coloration distincte (rosé) caractéristique des prairies indigènes.

« Lorsque j’ai montré ces images à mes collègues, ils ont pensé qu’il s’agissait d’une erreur, raconte M. Morgan. C’était incroyable, la superficie couverte par la prairie indigène était tellement vaste. Quelques jours plus tard, nous sommes partis pour vérifier l’exactitude des cartes, et il y avait effectivement des herbes hautes partout. »

Un appel pour conserver un des paysages les plus menacés au monde

Cette découverte a permis de prôner une conservation et une gestion accrue des prairies indigènes du Manitoba.

« À l’époque, je travaillais comme biologiste pour la province, et ils m’avaient dit qu’ils ne voulaient pas faire un relevé des prairies indigènes, raconte M. Morgan. Mais lorsque nous avons découvert cette aire, ils se sont impliqués et ont financé les relevés des prairies indigènes dès l’année suivante. »

Peu après, M. Morgan et son épouse, Carol, ont fondé leur propre entreprise, Prairie Habitats Inc., dont l’objectif premier était de recueillir des graines sur les terres d’un bout à l’autre du Manitoba afin de restaurer les prairies. À ce jour, ils ont aidé à restaurer des prairies au Manitoba, mais également d’un bout à l’autre du pays et dans le monde entier.

« Nous avons aidé des gens et des organisations à restaurer des prairies à travers le Canada, aux États-Unis et dans d’autres pays, dit M. Morgan. Nous avons créé de l’équipement pour recueillir les graines, qui a d’abord été testé dans la réserve des prairies à herbes hautes et qui est désormais utilisé dans 41 pays à travers le monde. »

Le cœur de la prairie à herbes hautes

Presque vingt-cinq ans plus tard, le 15 juillet 2013, Conservation de la nature Canada a inauguré l’ouverture du centre d’interprétation de la prairie à herbes hautes de la famille Weston.

« CNC m’a gentiment invité à l’ouverture et j’y étais avec un grand sourire, se rappelle M. Morgan. Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais cru que la restauration des prairies et la sensibilisation à la conservation feraient autant de chemin. »

Selon M. Morgan, il est urgent de gérer et de conserver nos prairies à herbes hautes. Bien que cet écosystème s’étalait autrefois entre Winnipeg et le sud du Texas, les plus grandes parcelles intactes au Canada se trouvent aujourd’hui dans l’aire naturelle des prairies à herbes hautes.

« Le besoin de gérer cet habitat se fera toujours ressentir, dit M. Morgan. Avec la présence du centre d’interprétation dans l’un des paysages les plus uniques au Canada, cette zone peut désormais être mieux connue et montrée au public. C’est extraordinaire. »

La platanthère blanchâtre de l’Ouest

La discrète platanthère blanchâtre de l’Ouest, une espèce d’orchidée en voie de disparition, pousse dans l’un des écosystèmes les plus rares de l’Amérique du Nord, soit celui de la prairie à herbes hautes. Cette plante peut mesurer jusqu’à 88 cm de hauteur et compter de 4 à 30 fleurs blanc crème. Ces fleurs sont dotées d’un pétale inférieur découpé en trois segments, dont chacun forme une frange.
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« Je n’ai jamais emmené une personne sur une prairie indigène qui n’a pas été impressionnée par celle-ci. »

Espèces à observer

– Barbon de Gérard
– Butor d’Amérique
– Carex
– Chêne
– Gélinotte huppée
– Grue du Canada
– Ours noir
– Platanthère blanchâtre de l’Ouest
– Spartine pectinee
– Tremble

« Aujourd’hui encore, j’aime regarder l’ondulation des herbes hautes et des fleurs lorsque le vent se lève. Nous avons désormais des petits-enfants et nous leur avons fait visiter ce site. Ils aiment explorer le paysage. »

Un refuge pour la faune

CNC a commencé à conserver des terres dans la réserve des prairies à herbes hautes en 1992, et protège désormais une superficie totale de 24 190 acres (9 789 hectares) de prairies à herbes hautes. À lui seul, le centre d’interprétation des prairies à herbes hautes de la famille Weston couvre 160 acres (65 hectares). Les visiteurs peuvent en apprendre plus sur diverses espèces qui habitent dans la prairie à herbes hautes, y compris plus de 1 000 espèces vivant sur la propriété, notamment la grue du Canada, dont le seul site de nidification est situé dans la prairie à herbes hautes.

« En ce qui me concerne, la grue du Canada est aussi importante que le huard l’est pour la forêt boréale, explique M. Morgan. Sur la propriété, rien ne se compare à la découverte d’un nid de grue ou au vol d’un couple au-dessus de sa tête. »

Bien que le Manitoba soit l’une des régions les moins visitées du Canada, M. Morgan est optimiste que cela pourrait changer avec une plus grande sensibilisation.

« Il y a tellement de choses à voir ici, explique M. Morgan. Il est impossible de l’apprécier pleinement lorsqu’on circule à 100 km/h sur l’autoroute. Il faut s’arrêter et regarder de plus près. Je n’ai jamais emmené une personne sur une prairie indigène qui n’a pas été impressionnée par celle-ci. »

Une expérience inoubliable

La zone située à proximité du centre d’interprétation des prairies à herbes hautes de la famille Weston a permis de réaliser d’énormes progrès dans les domaines de l’action et de la sensibilisation à la conservation au cours des années 1980, mais chaque fois que John se rend sur la propriété, il se rappelle sa première visite sur les lieux.

« Marcher dans la prairie pleine de fleurs sauvages pendant que le vent soufflait a été une expérience inoubliable. Aujourd’hui encore, j’aime regarder l’ondulation des herbes hautes et des fleurs lorsque le vent se lève. Nous avons désormais des petits-enfants et nous leur avons fait visiter ce site. Ils aiment explorer le paysage. »

Photos (de haut en bas) : Thomas Fricke; Thomas Fricke; Andrea Mosher; iStock; Thomas Fricke; iStock.

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