Voyage dans les îles

Trouvez votre coin de paradis dans l'archipel d'Hochelaga

D ans l’imaginaire collectif, une île correspond souvent à une oasis lointaine qu’on imagine avec de grands palmiers et où des vagues se fracassent sur la plage. Dans notre quotidien, il est facile de rêver d’un tel endroit paisible où le bruit du trafic s’apaise pour faire place au gazouillis des oiseaux.

Que vous habitiez Montréal ou les environs, ou que vous soyez simplement de passage dans la région, votre coin de paradis est plus près que vous le pensez.

Montréal compte parmi les quelque 300 îles et îlots qui composent l’archipel d’Hochelaga, qui s’étire de la rivière des Outaouais (lac des Deux-Montagnes) jusqu’à l’extrémité est de l’île de Montréal (fleuve Saint-Laurent). Une courte excursion en bateau suffit pour atteindre ce bracelet naturel qui entoure la ville et embrasse la métropole. Chaque île est unique par sa taille et sa biodiversité; la plus grande d’entre elles est celle de Montréal.

Vous aimez faire du canot ou du kayak? Alors, empoignez votre pagaie, parce qu’à un jet de pierre de Montréal et des villes riveraines de Repentigny et de Verchères se trouvent les îles protégées de Conservation de la nature Canada (CNC) au sein de l’archipel d’Hochelaga.

« [L’archipel] est un groupe d’îles vraiment sauvages, non loin du centre-ville de Montréal, explique Frédéric Hareau. Vous pourriez être en plein centre-ville à un instant, puis vous en sentir très éloigné une fois arrivé sur les îles. »

Frédéric est membre de Protection des oiseaux du Québec (POQ), un organisme fondé en 1917 qui protège l’habitat des oiseaux dans la province. POQ travaille, en partenariat avec CNC, à la protection de plusieurs zones de l’archipel d’Hochelaga afin de permettre à la fois aux gens d’en profiter et aux espèces d’y vivre.

« Ces îles constituent des zones très importantes, surtout pour les oiseaux, ajoute Frédéric. Et principalement comme haltes de repos pour les oiseaux migrateurs. »

Situées au confluent de la rivière des Prairies et du fleuve Saint-Laurent, les îles appartenant à CNC comprennent des terres humides côtières et des tapis de fleurs sauvages. Elles offrent une vue imprenable sur le fleuve Saint-Laurent. Les visiteurs peuvent s’immerger dans les milieux naturels uniques des îles et vivre une expérience inégalée.

Selon Frédéric, environ 80 différentes espèces d’oiseaux habitent ces îles.

On sait que des oiseaux migrateurs fréquentent la région, ce qui en fait un point chaud pour les visiteurs qui espèrent observer ces oiseaux en action.

« Quand je me suis rendu sur les îles pour la première fois, nous étions à la recherche d’oiseaux, se remémore Frédéric. J’y ai vu une espèce très intéressante – une espèce rare au Québec – un moucherolle à ventre roux. Ces oiseaux viennent de l’ouest de l’Amérique du Nord et on les trouve peut-être une fois par an au Québec. »

En plus de cet oiseau rare, des espèces comme le troglodyte des marais et le balbuzard pêcheur sont connues pour s’arrêter sur ces îles pendant leurs longs voyages au printemps et à l’automne.

« La plupart des îles sont couvertes de prairies, d’herbes ou de milieux humides, on y retrouve donc un certain nombre d’espèces qui se reproduisent dans ces habitats, explique Frédéric. Il y a beaucoup de diversité ici. »

Un équilibre délicat

L’équilibre est fragile entre l’utilisation de la nature à des fins récréatives et le respect de la nature comme habitat faunique et floristique. Frédéric et POQ s’efforcent d’éduquer la population sur l’importance de rester en harmonie avec la nature tout en conservant un lien avec elle par l’entremise d’activités en plein air.

CNC incite les visiteurs à prendre des précautions, par exemple en évitant les zones à forte biodiversité (oiseaux nicheurs) lorsqu’ils visitent certaines îles, car certaines d’entre elles sont très sensibles sur le plan écologique. Toutes les îles peuvent être observées depuis le fleuve. D’autres sont accessibles à pied, mais les visiteurs doivent faire attention de ne pas y perturber les plantes aquatiques.

« Nous voulons nous assurer que certaines parties des îles sont protégées autant que possible. Mais nous savons aussi que les gens aiment les visiter, dit Frédéric. Je pense qu’il est important d’éduquer le public pourqu’il puisse profiter de la nature. Il y a un équilibre à trouver entre conservation et éducation. »

Lorsqu’il explore les îles, Frédéric discute souvent avec des visiteurs pour leur offrir une nouvelle façon d’observer les paysages – surtout sur l’île aux Canards et l’île à l’Aigle, ses endroits préférés pour l’observation des oiseaux.

« Certaines personnes ont l’impression que ce n’est qu’une île couverte d’herbes et de champs, explique-t-il. Il y a un aspect enrichissant dans le simple fait de leur pointer les oiseaux présents dans les alentours. En 10 minutes, vous pouvez leur permettre de réaliser qu’il s’agit d’un habitat très riche sur le plan de la biodiversité. »

En tant que père de famille, Frédéric constate qu’il vaut la peine d’enrichir les connaissances des jeunes générations sur la nature et de susciter leur curiosité en explorant des régions comme l’archipel d’Hochelaga.

« Au Québec, nous sommes vraiment privilégiés d’être entourés par la nature. Malheureusement, dans les grandes villes, certaines personnes oublient leur lien avec celle-ci. Le simple fait de se rendre sur ces îles vous aide à réaliser que vous faites partie de tout un écosystème. C’est une occasion incroyable de découvertes et pour mes enfants d’être dans la nature. »

Espèces à observer

– arisème dragon
– balbuzard pêcheur
– busard des marais
– buse à queue rousse
– cerf de Virginie
– crécerelle d’Amérique
– faucon pèlerin
– goglu des prés
– grenouille léopard
– grenouille verte
– hibou des marais
– hirondelle de rivage
– ouaouaron
– pygargue à tête blanche
– rat musqué
– tortue peinte du centre
– tortue serpentine
– troglodyte à bec court

Faire des vagues, au Québec

CNC a acquis l’île aux Moutons (Varennes), sur le fleuve Saint-Laurent, en 1978. Ce fut son premier projet au Québec. Depuis, CNC veille avec ses parteraires à la sauvegarde de milieux naturels d’un nombre croissant d’îles et de zones riveraines du Saint-Laurent.

Jusqu’à maintenant, CNC a conservé 605 acres (plus de 245 hectares) d’habitat essentiel dans cette région.

Photos (de haut en bas) : Patrice Bériault; Simon Pelletier; Lorne; Patrice Bériault; Barb Pryce.

 

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