D ans l’aire naturelle du milieu humide de Lincoln de Conservation de la nature Canada (CNC), près de Fredericton, un sentier traverse une forêt clairsemée où se trouvent certains des plus beaux arbres et arbustes indigènes du Nouveau-Brunswick. Bordée de pins blancs et de noyers cendrés, une espèce rare, ainsi que de framboisiers et de pimbinas, ce sentier forestier traverse un refuge pour les oiseaux et les animaux sauvages.
« Ces nombreuses espèces fruitières attirent plusieurs oiseaux, ainsi que des écureuils, des cerfs et au moins un ours, mentionne Nadine Ives, coordinatrice au Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick. Cardinaux, mésanges et chardonnerets jaunes comptent au nombre des espèces qu’on observe, et qu’on entend, souvent ici. »
Le sentier forestier, qui longe la majestueuse rivière Saint-Jean, se compose d’une boucle et d’un sentier secondaire qui mène à un milieu humide magnifique parsemé de quenouilles. Quatre petits ponts en métal installés par CNC permettent aux visiteurs de traverser le milieu humide.
« En observant le milieu humide depuis les ponts, on peut souvent voir des couples de canards et de bernaches du Canada, ainsi que des carouges à épaulettes, qui remplissent l’air de leurs chants, dit Mme Ives. De l’autre côté du milieu humide, vous entrez dans un monde peuplé d’encore plus de pimbinas et d’autres espèces d’arbres, ainsi que de grandes verges d’or et d’asters mauves qui fleurissent plus tard durant l’été. À la fin de l’été, d’innombrables clématites et leurs pétales blancs ont poussé à travers les arbustes avant d’être remplacés par leurs fruits plumeux. »
Coordinatrice du projet d’enseignement en plein air du Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick, Mme Ives offre des encouragements, du soutien et des ressources aux enseignantes et enseignants pour qu’ils donnent leurs classes à l’extérieur et qu’ils intègrent l’apprentissage en pleine nature à leur cours. Depuis quelques années, elle visite l’école primaire de Lincoln, située de l’autre côté de la rue de l’aire naturelle du milieu humide de Lincoln, afin d’animer des activités liées au curriculum durant l’année scolaire.

L’apprentissage en plein air attise la curiosité. Mme Ives le constate chaque fois qu’elle emmène des élèves à l’extérieur.
« J’aime suggérer aux élèves de toujours se comporter en détectives lorsqu’ils sont dans la nature, explique-t-elle. Une fois, lorsque nous étions sur la propriété, un groupe a remarqué que des pommes se trouvaient dans les fourches de certains arbres. Comment les pommes s’étaient-elles rendues là? Une personne a suggéré que des oiseaux les avaient peut-être entreposées là, mais nous avons réalisé que des oiseaux n’auraient pas pu transporter les lourdes pommes. Nous avons finalement réalisé que des écureuils étaient sans doute responsables. »
Selon Mme Ives, cette propriété comprend de nombreuses facettes cachées. « On remarque de nombreux signes d’activités passées sur la propriété, des activités animales (plusieurs signes de travaux effectués par des castors) aux activités humaines, comme le démontre la présence de pommiers non indigènes. Cela démontre qu’il y a déjà eu un verger ou une ferme dans les environs. »
L’espèce la plus notable de l’aire naturelle du milieu humide de Lincoln est le noyer cendré. Cet arbre, qui est de plus en plus menacé, est la seule espèce connue de noyer indigène au Nouveau-Brunswick.
« Ce sont des arbres impressionnants, avec leurs grandes feuilles composées (constituée de plusieurs parties distinctes) qui s’étalent comme de grands parapluies verts, explique Mme Ives. Malheureusement, une maladie fongique mortelle (le chancre) menace cette espèce. Combinée à la perte d’habitat, cela a mené l’espèce à être classée “en voie de disparition” à cet endroit. Des efforts sont déployés pour recueillir et conserver des graines de noyers cendrés dans l’espoir que la résistance au chancre de certains noyers puisse aider l’espèce. »
Selon Mme Ives, il est important que les générations futures d’écologistes puissent étudier cette résistance. « Nous devons offrir aux enfants de nombreuses occasions d’explorer le monde naturel, affirme-t-elle. Plusieurs d’entre eux n’ont pas aussi facilement accès à la nature et n’ont pas la liberté de l’explorer librement. Les jeunes d’aujourd’hui doivent absolument développer un lien rapproché avec le monde naturel. »
Collaborer pour conserver
Cette propriété de 21 acres (8,5 hectares) située près de Fredericton provient d’un don fait à la mémoire de Gwen Ferris.
Le sentier du milieu humide de Lincoln (Lincoln Wetland trail) a été aménagé grâce à un partenariat entre CNC, la Lincoln Elementary Community School (école élémentaire de Lincoln) et d’autres organismes de conservation. Il propose une expérience d’apprentissage en plein air sécuritaire et amusante aux élèves et aux membres de la collectivité.

Photos (de haut en bas) : CNC; CNC; Andreas Trepte; CNC; CNC.