U ne arche en bois marque l’entrée de la réserve naturelle Alfred-Kelly de Conservation de la nature Canada (CNC). Après l’avoir franchie et marché le long du sentier bordé d’arbres et de grands arbustes touffus, on croirait avoir traversé dans un autre monde.
« Avoir accès à ces espaces naturels dans les Laurentides, si près de chez moi, est un véritable privilège », déclare Pierre Dupuy, conseiller du Comité régional pour la protection des falaises, un organisme partenaire de CNC dans la conservation de la réserve naturelle Alfred-Kelly. C’est l’occasion de prendre une bouffée d’air frais et d’oublier momentanément nos soucis en se laissant charmer par tout ce qui nous entoure dans la nature. »
À seulement 60 kilomètres de Montréal, la réserve naturelle Alfred-Kelly est nichée dans les escarpements de Piedmont et de Prévost.
Située au cœur de l’un des milieux naturels emblématiques des Laurentides, la réserve allie conservation et accès public.
« C’est une nature accessible qui offre son lot de découvertes à celles et ceux qui prennent le temps de l’explorer », explique M. Dupuy.
Biologiste à la retraite, M. Dupuy a travaillé de nombreuses années dans les parcs provinciaux du Québec. Il apprécie profondément la vie sauvage trouvée à Alfred-Kelly et affectionne particulièrement les espèces ailées qui dépendent de cet habitat pour se nourrir et nicher.
« Depuis 2016, je dirige l’équipe de la Vigie Faucon. Il s’agit de bénévoles qui surveillent les faucons pèlerins de la réserve. Nous cherchons à mieux comprendre ces oiseaux afin de pouvoir mieux les protéger », précise M. Dupuy.
« Il est important que les escarpements de Prévost et de Piedmont, qui servent de sites de reproduction pour les faucons pèlerins, soient conservés. Cette espèce est encore en train de se rétablir au Québec. »
Plus de 80 % des espèces d’oiseaux de proie du Québec ont été identifiées sur cette propriété. En marchant le long du sentier de 16 kilomètres, les visiteurs peuvent apercevoir des faucons pèlerins nichant sur les escarpements. La réserve sert également d’habitat à de nombreuses autres espèces d’oiseaux, dont le canard colvert et le pioui de l’Est. Apportez vos jumelles lors de votre visite et vous serez peut-être surpris par ce que vous verrez!
« Ornithologue de longue date, je n’avais pourtant jamais observé de faucon gerfaut. Mais en arrivant sur les rives du lac Paradis, le 1er janvier 2017, nous avons été accueillis par un de ces faucons d’une blancheur éblouissante qui décrivaient des cercles au-dessus de nos têtes, se remémore M. Dupuy. C’était un moment magique. Il s’agissait d’un faucon gerfaut, un visiteur exceptionnel venu du nord du Québec. »
La réserve se compose d’une grande variété de milieux : parois rocheuses abruptes, ruisseaux, étangs et forêts. « Le lac Paradis est un endroit charmant. Il est riche en biodiversité, tant sur le plan de sa faune que de sa flore », dit M. Dupuy.
Les paysages rocheux de la réserve abritent une grande variété de plantes et d’animaux. On y trouve des espèces végétales rares, comme la clématite verticillée et l’arabette de Holboell, ainsi que des espèces animales vulnérables, comme la couleuvre verte et la grenouille des marais. La propriété abrite également des orignaux, des castors, des porcs-épics, des visons d’Amérique, des lièvres et des couleuvres rayées. La réserve naturelle Alfred-Kelly est aussi réputée pour ses rares peuplements de chênes rouges et de pins blancs, et ses riches peuplements d’érables et de tilleuls.
Le site est ouvert toute l’année et propose 16 kilomètres de sentiers aux randonneurs pédestres. En hiver, il est possible d’y faire du ski de fond et de la raquette, ainsi que de l’escalade sur glace jusque fin février, moment où les faucons pèlerins commencent à choisir leur site de nidification.
Bien que la propriété soit accessible au public pour la pratique d’activités récréatives et éducatives en plein air, CNC et ses partenaires s’assurent que l’impact humain y sera aussi minime que possible.
« Une réserve naturelle sur des terres privées offre un accès à la nature. C’est toutefois d’abord et avant tout une façon de protéger le patrimoine naturel du Québec et de contribuer à l’intégrité écologique de notre planète », ajoute M. Dupuy.
L’exploration de la réserve naturelle Alfred-Kelly, véritable monde enchanté, semble sans fin. « Du chant de la grive solitaire à la délicate fleur blanche de la sanguinaire, protégée par sa feuille concave, en passant par les mouvements furtifs du vison d’Amérique sur les rives du lac Paradis… la nature y constitue une source inépuisable de découvertes et d’émerveillements », conclut M. Dupuy.
Espèces à observer
– canard colvert
– castor
– chêne rouge
– couleuvre rayée
– couleuvre verte
– érable à sucre
– faucon pèlerin
– grenouille des marais
– lièvre d’Amérique
– orignal
– vison d’Amérique
Qui était Alfred Kelly?
Le territoire de 5 kilomètres carrés de la réserve a été exploré par Alfred Kelly, un ornithologue bien connu dans la région. En juillet 1983, après le décès de M. Kelly, la Société québécoise pour la protection des oiseaux (POQ) recevait, en don testamentaire, une propriété de 8 hectares sur le territoire de la municipalité de Piedmont ainsi qu’une importante somme d’argent. Ce terrain demeure à ce jour la propriété de POQ. C’est en hommage à Alfred Kelly et à son legs que 471 hectares de plus ont été protégés en 2010. Cette acquisition a été rendue possible grâce à un partenariat avec POQ. Plus de 80 % des espèces d’oiseaux de proie du Québec ont été identifiées sur cette propriété. Lors d’une randonnée sur ses 16 km de sentier, gardez l’œil ouvert pour un faucon pèlerin nichant sur les falaises!
Photos (de haut en bas) : CNC; CNC; Brian Ratcliff; Don Dabbs; CNC.
